Flexibilité, fiabilité, rapidité, prix, traçabilité, transport unique ou multimodal… si les avantages du transport routier ne manquent pas, celui-ci présente également quelques inconvénients. Petit tour d’horizon des principaux points négatifs et risques liés au transport routier de marchandises.
Quels sont les inconvénients du transport routier ?
Congestion routière
Avec une circulation en constante augmentation, la congestion est un fléau majeur pour le transport routier. Un embouteillage régulier se forme par exemple chaque jour sur la rocade de Bordeaux avec plus de 20 000 véhicules/jour dont 15% de poids lourds. Cela engendre d’importants retards et rallonge les temps de parcours. Pour un trajet Lyon-Marseille, on estime qu’un camion passe en moyenne 2h bloqué dans les bouchons. Cette congestion entraîne aussi un sur-coût économique chiffré à plusieurs milliards d’euros par an.
Pollution et émissions de gaz à effet de serre
Le transport routier est l’un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre, contribuant au réchauffement climatique. Selon les chiffres européens, il représente près d’un quart des émissions de CO2 liées aux transports. Les véhicules lourds diesel rejettent aussi d’importantes quantités d’oxydes d’azote (NOx) et de particules fines, très nocives pour la qualité de l’air et la santé publique dans les zones denses. A titre d’exemple, un poids lourd émet jusqu’à 5 fois plus d’oxydes d’azote qu’une voiture récente aux normes antipollution.
Usure des infrastructures routières
La circulation intensive des poids lourds entraîne une dégradation rapide des revêtements routiers et des ouvrages d’art. Un camion de 40 tonnes cause autant de dégâts à la chaussée que 60 000 voitures ! Cette usure prématurée des routes contraint à des travaux de réfection plus fréquents et coûteux pour les gestionnaires routiers, financés par l’impôt. Par exemple, la réfection d’une portion d’autoroute de 10 km peut atteindre 7 millions d’euros. Les ponts routiers stratégiques doivent aussi subir des contrôles et travaux réguliers en raison des charges élevées.
Risques de vols de marchandises
Le transport de certaines marchandises de valeur comme les produits électroniques, les bijoux ou encore les médicaments présente des risques élevés de vols et d’agressions à main armée sur les aires d’autoroute ou en ville. Chaque année en Europe, ce sont ainsi plusieurs centaines de millions d’euros de pertes qui sont déplorés. En 2013 par exemple, un camion transportant 6 millions d’euros de bijoux a été dérobé dans le Var par une équipe organisée. Au-delà du préjudice financier, ces vols violents mettent en danger l’intégrité physique du chauffeur routier.
Limites de capacité et de tonnage
Même les plus gros camions ont une capacité maximale de chargement limitée. Pour transporter de très grands volumes ou des charges très lourdes/encombrantes, il faut recourir à de multiples rotations. Cela augmente les coûts, les délais et les impacts environnementaux. Des produits comme les engins de chantier, les bois ou les matériaux de construction sont particulièrement concernés. Par exemple, le transport d’une seule éolienne de plus de 300 tonnes nécessite un grand nombre de convois très spéciaux.
Contraintes réglementaires
Le transport routier de marchandises doit se conformer à de nombreuses réglementations strictes relatives à la sécurité, l’environnement, les conditions de travail, etc. Cela implique un travail administratif conséquent de gestion des permis de conduire, licences, visites techniques, organisation des temps de conduite/repos, formation des chauffeurs… Le non-respect de ces normes expose à des amendes et sanctions lourdes. En France par exemple, une infraction aux temps de conduite/repos peut être sanctionnée jusqu’à 30 000€.
Coûts d’exploitation élevés
Enfin, le transport routier reste un mode très coûteux avec de nombreux postes de dépenses : carburant, véhicules, assurances, péages, entretien, réparations, main d’œuvre… Pour une entreprise de messagerie, le coût d’achat du véhicule ne représente que 10 à 15% du coût total sur 6 ans d’exploitation. Selon les estimations, le prix de revient d’un poids lourd se situe en moyenne autour de 1€/km parcouru. Le transport routier pèse ainsi fortement sur les budgets logistiques des entreprises.
Risques d’accidents
Malgré les progrès réalisés en matière de sécurité routière, les accidents impliquant des poids lourds restent fréquents et souvent graves. Selon les statistiques européennes, un accident sur quatre concerne un véhicule utilitaire, causant environ 4 000 tués et 130 000 blessés par an. Les causes sont multiples : vitesse excessive, fatigue au volant, inattention, intempéries, défauts techniques… Les conséquences vont du simple dégât matériel aux drames humains avec décès. Par exemple, en 2021 en France, une collision entre un poids lourd et une voiture a coûté la vie à 3 personnes sur l’A31.
Malgré son efficacité et son maillage fin du territoire, le transport routier cumule donc de nombreux inconvénients environnementaux, sécuritaires et économiques majeurs qu’il faut chercher à réduire.
Quels sont les principaux risques liés au transport routier de marchandises ?
Voici les principaux risques et inconvénients pour les chauffeurs routiers lors du transport de marchandises :
- Risques d’accidents : Les chauffeurs sont très exposés aux risques d’accidents de la route pouvant entraîner des blessures graves ou mortelles.
- Fatigue et longues heures de conduite : Les horaires chargés et la conduite prolongée peuvent provoquer de la fatigue, nuisible à la concentration et à la sécurité.
- Sédentarité et problèmes de santé : Le manque d’activité physique et une mauvaise alimentation favorisent l’obésité, les maladies cardiovasculaires, etc.
- Stress et pression : Respect des délais, circulation dense, chargement/déchargement peuvent être sources de stress importants.
- Éloignement familial : Les longs trajets et déplacements fréquents obligent à rester longtemps éloigné du cercle familial.
- Conditions de vie difficiles : Dormir dans la cabine, accès limité aux sanitaires, repas pris sur la route.
- Incivilités et agressions : Certains peuvent être victimes d’agressions physiques ou verbales sur la route ou lors des livraisons.
- Manutention de charges lourdes : Le chargement/déchargement implique souvent de soulever des charges lourdes, sources de blessures.
Bien que stratégique, le métier de chauffeur routier comporte de nombreuses contraintes physiques et psychologiques à prendre en compte pour la santé et la sécurité.
Comment prévenir les risques liés au transport routier de marchandises ?
Formation et sensibilisation
Un programme de formation initiale et continue est indispensable pour les chauffeurs routiers. Celui-ci doit aborder la conduite préventive, avec par exemple des modules sur l’anticipation des situations à risque, le respect des distances de sécurité ou la maîtrise de la vitesse. La formation doit aussi traiter de l’éco-conduite afin de réduire la consommation de carburant et les émissions polluantes. Des techniques comme le passage des rapports à bas régime, l’anticipation du freinage ou le respect des limitations de vitesse y sont enseignées. Enfin, la gestion du stress fait partie des compétences clés à acquérir, avec par exemple des conseils sur l’organisation du travail, la gestion des imprévus ou l’utilisation de techniques de respiration/relaxation.
Respect des temps de conduite et de repos
Le Code du travail fixe des durées maximales pour les temps de conduite (4h30 maximum par tranche) et des repos obligatoires à respecter. Des outils embarqués de chronotachygraphie numérique permettent de suivre en temps réel ces durées légales. En cas de dépassement, des sanctions sont prévues pour l’entreprise et le chauffeur. Pour favoriser la récupération, un maillage suffisant d’aires de repos et de stationnement poids lourds sécurisées doit être aménagé le long des grands axes routiers, avec accès sanitaires, restauration, douches et zones de détente.
Équipements de sécurité dans les véhicules
Les véhicules récents intègrent de nombreux dispositifs d’aides à la conduite et de sécurité active/passive comme les systèmes de freinage d’urgence automatique, de détection de sortie de voie, d’alerte de somnolence ou d’angles morts. Dans la cabine, un siège ergonomique réglable en hauteur, profondeur et inclinaison, assorti de suspensions pneumatiques permet de réduire les vibrations et favorise une position de conduite saine. Un accès facile au poste de conduite par des marchepieds larges et antidérapants limite aussi les risques de chute et de blessures.
Ergonomie des tâches de manutention
La manutention des charges lors des opérations de chargement/déchargement expose à des risques importants de lombalgies et troubles musculo-squelettiques. Une formation spécifique aux gestes et postures de manutention manuelle est indispensable. L’utilisation d’aides à la manutention comme les transpalettes, chariots élévateurs ou palans doit être généralisée dès que possible. Les process logistiques doivent aussi être optimisés pour réduire au maximum les manutentions manuelles, par exemple avec une gestion des stocks en rayons courts, un calage automatique des charges ou l’installation de quais de déchargement à la bonne hauteur.
Suivi médical et accompagnement
Une visite médicale d’aptitude annuelle obligatoire permet de détecter d’éventuels problèmes de santé physique ou psychologique. Un suivi renforcé des troubles musculo-squelettiques fréquents (mal de dos, tendinites…) est nécessaire, avec si besoin des aménagements de poste comme un dispositif d’aide au levage. Face au stress, à la sédentarité et aux addictions, un accompagnement par des programmes d’activité physique, d’alimentation équilibrée et des services d’écoute psychologique doit être proposé. La lutte contre le sentiment d’isolement passe aussi par la création d’espaces de convivialité sur les aires logistiques.
Sécurisation des aires logistiques
Les aires de chargement/déchargement concentrent des risques de vols, d’agressions ou d’intrusions accidentelles lors des manœuvres de stationnement. La mise en place de procédures anti-agression formant les chauffeurs à adopter un comportement prudent et des systèmes de vidéosurveillance permettent de prévenir ces risques. La circulation sur ces sites doit aussi être sécurisée, avec une séparation des flux piétons/engins, un marquage au sol clair et une limitation des vitesses. Enfin, des zones d’attente et des sanitaires réservés et sécurisés pour les chauffeurs constituent un must pour ces sites logistiques.
En combinant ces multiples leviers de prévention techniques, organisationnels et humains, on vise à créer les conditions d’un transport routier de marchandises plus sûr pour les professionnels de ce secteur stratégique.